Jazz Manouche

Tout savoir sur les musiciens du Quintette du Hot Club de France !

Le Quintette du Hot Club de France est l’un des groupes les plus emblématiques de l’histoire du jazz manouche. Formé en 1934, ce groupe a révolutionné la scène musicale en mêlant le jazz traditionnel américain avec des influences gitanes, en tête, l’exceptionnel guitariste Django Reinhardt. A ses côtés, il y avait le violoniste Stéphane Grappelli. Ensemble, ils ont redéfini les codes du jazz et ont donné naissance à style unique, le jazz manouche.

Dans cet article, plongez dans l’histoire du jazz et l’œuvre de Django Reinhardt, de ses musiciens qui ont fait vivre cette aventure musicale, découvrez leurs parcours et leur impact sur la scène du jazz mondial.

Django Reinhardt : le génie de la guitare manouche

Issu d’une famille tzigane, Django Reinhardt est né en 1910 en Belgique. Musicien ambulant, son père lui transmet l’amour de la musique. Il manie le banjo, le violon et la guitare dès son plus jeune âge.

Vue rapprochée sur une guitare électro-acoustique et un banjo.
Attention, le jazz manouche à la guitare est un style très exigeant !

L’incendie de sa roulotte en 1928 marque un tournant dans sa carrière. Amputé des deux doigts, Django pense que sa vie de musicien est terminée. Cependant, il réussit à surmonter cette épreuve grâce à une détermination sans faille.

Sa passion pour le jazz

Il a un coup de foudre pour ce genre musical en 1930, cela devient même une véritable passion. Dès 1934, il crée le Quintette Hot Club avec Grappelli, Louis Vola et Joseph Reinhardt, son petit frère. Le groupe connaît un succès fulgurant et se produit sur les plus grandes scènes d’Europe, que ce soit en Espace, en France ou en Angleterre.

Grâce aux manœuvres de son manager, Delaunay, Django continue de jouer malgré l’Occupation nazie (1940-1945). Il mène également une brève carrière aux Etats-Unis, mais ce ne sera pas réellement une réussite.

L’héritage de Django Reinhardt

Mais alors, pourquoi dit-on que Django est une icône du jazz ?

Érigé en dieu par les guitaristes, Django crée de nouvelles techniques de jeu suite à la perte de ses deux doigts de la main gauche. Le glissando fait partie de ses réinventions.

Django suscite également le respect de ses pairs grâce à son coup de poignet. Cela lui permet d’avoir une présence acoustique. Stéphane Grappelli déclare qu’il avait l’impression d’être accompagné par tout un orchestre grâce à ce style unique. Génie de l’improvisation, il se distingue également par ses coups de médiator vers le bas.

Joseph Reinhardt : le guitariste discret dans l’ombre de son frère

Né à Paris en 1912, Il joue de la guitare depuis ses 15 ans. Avec son frère aîné, ils jouent dans les terrasses des cafés parisiens. La rencontre avec Savitry à Toulon marque un tournant dans sa carrière. En 1934, Joseph rejoint le Quintette qui était déjà composé de Stéphane, Django et Roger.

Une carrière dans l’ombre de Django

Face aux multiples absences de Django, Il le remplace puisque les deux frères se ressemblent. Malgré son talent de guitariste, il se trouvait toujours dans l’ombre de son frère (d’après les témoignages de l’époque). Il devait porter les guitares de son aîné et ses cordes de rechange.

En 1937, la situation est intenable pour Joseph et les deux frères en viennent aux mains. D’après leur manager, Delaunay, tous les membres finissent au commissariat. Il prend ses distances avec le Quintette après cet épisode.

Il prête néanmoins mains fortes au Quintette Hot Club de France de temps à autre pour remplacer Chaput ou Ferret.

Il se réconcilie avec son frère et fera même partie de son nouveau quintette. Néanmoins, l’entente est de courte durée puisqu’ils se séparent en 1941.

Sa carrière après le Quintet

Face à sa volonté d’émancipation et de carrière en solo, Joseph intègre d’autres formations de jazz au cours de sa carrière. Il fera par exemple partie du Jazz de Paris aux côtés de Fouad, Rovira et Rostaing.

En 1943, il forme également son propre groupe avec Gaston Léonard, Emmanuel Soudieux et Laurence.

Malgré sa relation houleuse avec son frère, il arrête la musique à la mort de celui-ci en 1953. Il s’adonne à d’autres loisirs comme la peinture. Sachant son origine tsigane, il mène une vie de manouche pendant des années avant de reprendre en 1957.

Il crée un nouveau quintette et poursuit le genre manouche en l’honneur de son frère. Le guitariste est décédé en 1982.

Stéphane Grappelli : Le violoniste unique du jazz

Orphelin dès son plus jeune âge, Grappelli est ballotté d’institutions en institutions. Pour lui, la musique constituait un moyen de s’évader de la vie quotidienne. Ce jeune homme d’origine modeste n’a pas suivi de cours. Autodidacte, il devient pourtant un véritable maestro du violon.

Un duo unique avec Django

Il se fait connaître grâce à son duo avec Django Reinhardt. Ensemble, ils vont fonder le Quintette du Hot Club de France. Son nom sera associé à celui du brillant guitariste pendant longtemps.

Ensemble, ils composeront les meilleurs morceaux de jazz manouche actuels.

Néanmoins, il s’émancipe rapidement et joue aux côtés des plus grands musiciens de son époque.

Sa carrière après le Quintet et ses rencontres

L’avènement du rock’n’roll marque un tournant chez les musiciens de jazz. Certains vont abandonner la musique. D’autres tentent de s’adapter. C’est le cas de Grappelli qui mène une carrière en solo depuis la fin du Quintette Hot Club de France.

Il fait la rencontre de Sacha Distel dans les années 1970. Amateur de jazz, ce dernier l’invite à se produire avec lui avec son violon sur les plus grandes scènes d’Europe, de l’Olympia au Palladium.

Avec son aura grandissant, Stéphane rencontre également Gérard Gustin. La complicité est immédiate entre les deux hommes. De leur collaboration naîtront des titres célèbres comme Body and Soul, Tenderly ou encore Zénith.

Diz Disley décide de former un orchestre dans le même style que le quintette. Le violoniste en fera partie. Cela permet à sa carrière d’atteindre un nouveau sommet.

Louis Vola : Le pilier rythmique à la contrebasse

Louis Pierre Vola est né en 1902. Fils de cordonnier d’origine piémontaise, le petit Louis vit à la Seyne-sur-Mer avec sa famille. Le contrebassiste a alors 29 ans quand il fait la rencontre des frères Reinhardt à Toulon. Il épouse Marie Merlo en 1921 avec qui, il aura un fils. Les deux divorcent en 1946.

Les membres du Quintette connaîtront tous une carrière internationale. Louis n’échappe pas à cette règle. Il a joué à la contrebasse auprès d’autres légendes comme Willy Lewis, Bill Coleman, Benny Carter ou encore Hawkins. Il a même fait partie de l’orchestre de Ray Ventura sur une courte période.

Après son retour en France, Louis Vola poursuit sa carrière dans la discrétion. Il est décédé en 1990 à l’âge de 88 ans.

N’hésitez pas à revivre les célèbres chansons de Django et de Grappelli lors des festivals de manouche prévus en 2025 (pour voir jouer Biréli Lagrène ou encore Stochelo Rosenberg) !

Roger Chaput : Le guitariste qui rêvait de devenir peintre

Né en mai 1909, Roger Chaput grandit dans le quartier populaire de Ménilmontant, à Paris. Il manie dès le plus jeune âge la guitare et la mandoline. Son nom est connu des guitaristes amateurs grâce à sa collaboration avec Django Reinhardt et Stéphane Grappelli.

Un vieil homme en train de jouer de la guitare en position debout.
Le jazz manouche a surtout eu ses heures de gloire en France.

Il abandonne très tôt ses études, à l’âge de 13 ans et travaille à l’usine. Le jeune homme enchaîne les petits boulots adaptés à son âge à l’instar de livreur de partitions dans les magasins de musique.

Une carrière de musicien

En 1925, Chaput a 16 ans et intègre un orchestre de danse. A la même époque, les premiers disques de jazz arrivent en France.

Le style suscite peu d’engouement à l’époque. Lorsqu’il l’a écouté pour la première fois, il a compris qu’il voulait faire ça. Être musicien de danse ne lui convenait plus. Avec ce nouveau genre venu d’Amérique, les spectateurs écoutent réellement la musique, ils ne sont pas invités à danser.

Des photos du quintette le montrent souvent au second plan, derrière les deux génies, reflète sa place par rapport aux talents des deux premiers. Certes, le guitariste n’est pas aussi féru d’improvisation, mais il s’impose dans ce groupe grâce à son sérieux. Aujourd’hui, son apport dans le jazz est incontestable. Discret et efficace sont les deux adjectifs qui résument le mieux son passage dans le fameux quintette.

Plus tard, il dépeint une version moins flatteuse du Quintette à Jean-François Gael, que son expérience avec la prestigieuse formation était éprouvante. Jouer aux côtés de Django Reinhardt et Grappelli n’est, selon lui, pas tellement une chance. Le premier était versatile, il fallait souvent le chercher chez lui. Le second était égocentrique selon ses dires.

La relation entre Roger et Stéphane Grappelli s’envenime jusqu’à en venir aux mains.

L’héritage de Chaput

Roger laisse aussi un héritage inestimable aux guitaristes amateurs. Sa méthode « American-French » est aujourd’hui utilisée par les débutants.

Le musicien est aussi connu pour ses dessins. Il a par exemple un portrait de Django Reinhardt qu’il a dessiné pendant son passage dans le Quintette du Hot Club de France.

Le métier de musicien lui a permis de côtoyer des gens d’origine variée : artistes, prostituées, serveurs, chanteurs, etc. Ces rencontres développent chez lui une curiosité intellectuelle qui transparaît dans ses dessins.

90 ans après le premier concert de la formation originelle, le Quintette du Hot Club de France s’est reformé pour faire revivre les standards des années 1920-1940.

De nouveaux visages et une autre époque peut-être, mais l’amour du jazz perdure. La formation revisite les classiques incontournables de ses fondateurs et offre aussi des compositions originales. L’histoire continue donc. En attendant, une version intégrale du Quintette à cordes existe en version numérique sur des pages spécialisés.