Quelle est l’Histoire du Jazz Manouche ?
Le Jazz manouche ou Gypsy Jazz ou encore Swing manouche est un style de musique qui a émergé au début du XXe siècle. Nous retrouvons en lui des influences vibrantes de la culture gitane et du jazz traditionnel.
Pourquoi est-il tant apprécié jusqu’à ce jour ? Tout simplement parce qu’il combine rythmes particuliers, mélodies envoûtantes et improvisation virtuose.
De plus, c’est un genre musical profondément ancré dans la culture des peuples Roms. Et il invite à voyager à travers l’Europe. Focus sur l’histoire du Jazz manouche.
Les origines du jazz manouche dans les années 1930
Le jazz manouche est un genre musical influencé par le jazz, apparu en France. Depuis sa création dans les années 1930, il a continué à se développer et à su garder sa place dans le monde de la musique ainsi que dans le cœur de ses adeptes.
Django Reinhardt : le père du Jazz manouche
Lors de leur migration à travers l’Europe et vers la France, une famille a marqué l’histoire : les Reinhardt. En effet, ces derniers ont vu se développer plusieurs générations de musiciens : Jean (alias Django) Reinhardt (1910-1953), Lousson Reinhardt (1929-1992), Babik Reinhardt (1944-2001) et David Reinhardt (né en 1986).
C’est Django Reinhardt qui a introduit le jazz manouche dans le paysage musical français.
Bien qu’il soit considéré comme étant le père de ce nouveau style, il n’était pas le seul à donner vie à la musique manouche. Effectivement, il a collaboré avec le violoniste Stéphane Grappelli et ils étaient ensemble à la tête du Quintette du Hot Club de France.
A eux deux, ils composent la plupart des meilleurs morceaux de jazz connus aujourd’hui.
Cela sans oublier Gus Viseur (accordéoniste) et Matelo Ferret, l’inventeur de la valse-be-bop.
Les musiciens de ce style de jazz célèbrent Django de différentes manières. D’ailleurs, un festival à lieu chaque année en sa mémoire à Samois-Sur-Seine. Les fans se rendent même jusqu’à la tombe de cette légende pour lui rendre hommage.
Après Django Reinhardt : une révolution du jazz manouche
Django Reinhardt meurt en 1953, mais sa musique survit grâce à ceux qui ont côtoyé le musicien avant sa disparition, dont Elios Ferré.
Depuis les années 1990-2000, le jazz manouche berce encore les oreilles du public à travers des artistes renommés comme Angelo Debarre, Romane, et bien-sûr Biréli Lagrène.
Citons également d’autres grands noms du jazz manouche, tels que Stochelo Rosenberg, Doardo Schmitt, Serge Krief, et de nombreux autres.
Le jazz manouche ne cesse de gagner de la place dans le cœur des mélomanes.
Et le nom de son créateur reste gravé dans les mémoires. Les cabarets parisiens comme La Chope des Puces et le Cabaret-jazz manouche célèbrent cette musique encore aujourd’hui.
Les manouches ont été rejoints par des artistes issues des variétés françaises comme Thomas Dutronc. Cette musique s’est même répandue hors de la communauté Rom.
Par exemple, les membres du groupe Swing Gadjé sont de la Compagnie Tire-Laine ou Les Doigts de l’Homme, pour n’en citer que deux.
Si l’héritage du jazz manouche est encore intact jusqu’à présent c’est parce que cette musique a su se transmettre de génération en génération. Les guitaristes de nos jours ne cessent de réinventer ce style. La musique manouche s’ouvre alors à une myriade de perspectives et les influences contemporaines l’enrichissent de plus en plus.
À la découverte du jazz manouche
Incarnant la créativité et l’expression artistique, le jazz manouche fait appel à une variété d’instruments et différentes techniques qui font sa singularité.
Jazz manouche : une musique avec des techniques hors du commun
Le jazz manouche exploite plusieurs rythmiques : la valse, la pompe, la bossa nova, le boléro et le tango. Les figures de style accompagnent les rythmiques afin de mettre en valeur la partie du soliste. Cela permet également d’enrichir le rythme et la mélodie de la chanson.
Les techniques de guitare manouche ne sont pas les mêmes que celles utilisées dans les autres styles de musique.
Par exemple, la tenue de médiateur nécessite un poignet « cassé ».
Ainsi, il est possible d’utiliser la technique du marteau afin d’augmenter la vitesse tout en évitant que la main soit en contact fréquent avec la table de guitare. Le musicien obtient alors des vibrations quasi exemptes d’interférences extérieures. Cette technique est un héritage du banjo. Et c’est Poulette Castro qui l’a transmise à Django.
Ce jazz est un style musical qui ne connaît aucune proscription.
Au contraire, elle s’inspire de tous les styles de musique pour s’enrichir. Nombreux sont les artistes et les compositeurs qui ont créé des chefs-d’œuvre grâce à cette liberté. Certains se sont même mis à reprendre les compositions classiques.
Parmi les morceaux les plus célèbres, il faut noter : Les Yeux Noirs, Minor Swing, Tears, Nuages ou encore, Djangology.
Une variété d’instruments entrant en scène
Jouer du jazz manouche fait appel à la guitare acoustique, au violon et à la contrebasse.
L’accordéon et la clarinette ne sont pas en reste. Généralement, les musiciens optent pour une guitare Selmer-Maccaferri. Il s’agit d’une guitare française qui a gagné en popularité dès le début du XXe siècle et qui est équipée de cordes en acier.
La guitare Selmer-Maccaferri fait de nombreux adeptes. Parmi les luthiers renommés qui se sont spécialisés dans cet instrument, il faut citer Jacques Favino. Par ailleurs, il est important de préciser qu’il existe deux types de guitares Selmer-Maccaferri.
La guitare type Selmer-Maccaferri présente une rosace en « grande bouche » qui adopte la forme d’un D. C’est le modèle que Django a utilisé initialement. Puis, la fabrication de cette guitare a été abandonnée et le modèle Selmer l’a remplacé. Produisant un son omnidirectionnel, elle sert principalement pour la rythmique.
La guitare Selmer, quant à elle, est la plus populaire, toujours grâce à Django.
Sa rosace appelée « petite bouche » est légèrement ovale. Ce modèle est idéal pour les solos étant donné que la projection du son est plus concentrée que celle de la guitare Selmer-Maccaferri. De plus, le son est marqué par une coloration moyenne aiguë.
Les plus grands musiciens de jazz manouche
Cette musique se transmet entre les générations. Cependant, aucun musicien ne peut se vanter de pouvoir surpasser Django.
Bien-sûr, nous trouvons de nos jours bien des guitaristes dont le niveau a dépassé celui de leur icône. Mais Django reste et restera dans les mémoires car il fut le père fondateur du swing gitan à la guitare.
Voici quelques-uns des meilleurs guitaristes de jazz swing.
Django Reinhardt : le père spirituel des musiciens manouches
Django Reinhardt est considéré comme étant le fondateur du Jazz manouche.
Né en 1910 dans une famille gitane d’origine Belge, il voue une passion sans limite à la guitare dès son plus jeune âge. Il a alors développé une technique de jeu unique qui a une influence de manière significative sur le son du Jazz manouche. Et ce, malgré un accident qui lui a causé de graves blessures à la main.
La collaboration de Django avec le violoniste Stéphane Grappelli a ensuite favorisé l’évolution du genre.
Ensemble, ils ont formé le Quintette du Hot Club de France, le groupe emblématique qui a popularisé le jazz manouche.
Avec deux guitares, un violon, une contrebasse et une clarinette, le Quintette a produit un son dynamique et énergique qui a su captiver les foules à travers le monde entier.
Biréli Lagrène : un héritier incontesté de Django Reinhardt
Biréli Lagrène naît en 1966 dans une famille manouche à Soufflenheim (67).
Etant le fils de Fiso Lagrène, un guitariste célèbre dans les années 1930, sa carrière de guitariste était une évidence. En effet, son père lui faisait écouter de la musique classique. Bach, Ravel et Debussy ont particulièrement marqué son enfance.
Biréli Lagrène a également découvert le Quintette Hot Club de France grâce à Fiso.
Le quotidien de la famille Lagrène se déroulait avec de la musique manouche comme mélodie de fond.
D’ailleurs, il fut un temps où Biréli et son frère ne jouaient que ce style et n’étaient satisfaits qu’une fois capables de reproduire les solos. Néanmoins, le guitariste affirme qu’il respecte les grands musiciens sans avoir pour prétention de les imiter.
Biréli Lagrène devient un prodige de la guitare et remporte le premier prix du festival de musique tzigane de Strasbourg, alors qu’il n’a que 14 ans.
Il rencontre Stéphane Grappelli en 1979 entre deux sets, alors qu’il n’a que 13 ans : il lui joue quelques phrases à la guitare et Grappelli l’invite sur scène pour jouer un concert entier.
Sa maîtrise parfaite des techniques de guitare ainsi que son style qui combine jazz manouche, bebop et fusion ont fait de lui un musicien hors pair.
Tchavolo Schmitt : un guitariste de jazz alsacien
Fils d’une mère guitariste et d’un père violoniste, Tchavolo Schmitt est pratiquement né avec une guitare à main. En effet, il a commencé à jouer de cet instrument à l’âge de 6 ans. S’y baignant dès sa tendre enfance, il réussit alors à développer une virtuosité unique.
Il faut préciser que Tchavolo Schmitt est né à Paris, mais il a des origines alsaciennes. D’ailleurs, après avoir quitté Paris pour retourner en Alsace, en 1979, il rejoint les rangs des musiciens professionnels. Il intègre alors les « Hot Club Da Sinti » et collabore avec un Wedeli Köhler, Schmeling Lehmann et Jani Lehmann. Ensemble, ils réalisent un enregistrement en LP qui est actuellement un collector.
Le jazz manouche en résumé
À ses débuts, le jazz manouche se passe de percussions, de cuivre et de bois.
Il fallait quatre musiciens pour gérer la section rythmique : deux à la guitare, un à la contrebasse et un autre au violon. Le jazz manouche illustre à la perfection la manière dont la musique gitane et la chanson française ont influencé le jazz qui a animé les États-Unis puis l’Europe en 1932.
Les adeptes du jazz manouche mettent en vedette les instruments à cordes.
Puis, les accordéons, les contrebasses et les clarinettes ont rejoint la scène. L’histoire du jazz manouche continue et la nouvelle génération de musiciens tend vers une diversification de ce genre musical : Boulou Ferré, Jazz-rock…